Alors, on trinque ? I Billet de vin

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– article publié dans Or Norme N°41- 

Le vin est une boisson vivante. Son développement passe par la maturation, le vieillissement, l’apogée, et le déclin. Derrière son caractère anthropomorphique, il accompagne le risotto, la blanquette de veau, et le croque-monsieur, aussi. Au gré de ses envies, le consommateur joue ainsi du tire-bouchon. Puis, il y a ceux qui ne goûteront ni trop tôt ni trop tard : car ils spéculent…

Le marché du vin a ses codes, où valsent classements et millésimes. Le premier est brodé par les experts, le deuxième est mené par Dame Nature – accessoirement succédé par un savoir-faire. Par classification, on entend celles qui ont résonné sur le marché mondial, tel que le classement des grands crus Bordelais de 1855 ; une hiérarchisation poussiéreuse, qui continue néanmoins de porter son gage de qualité. Le millésime, quant à lui, impacte la capacité de garde, essentiel pour en faire…un bon placement !

Les bouteilles qui font frétiller les collectionneurs suivent un phénomène où la demande augmente en même temps que le prix (effet de Veblen). C’est qu’à l’instar de la Rolex au poignet, l’Angélus niché dans votre cave ferait de vous un connaisseur.

Une boisson vivante

Revenons-en à la création. Le vin reflète l’amour du vigneron pour son terroir. Découvrir son ouvrage au rang d’élite, c’est flatteur. Mais celui qui fait du vin avec passion le fait aussi pour qu’il soit bu, et partagé dans un tintement de verres – avec une grâce toute relative selon le contexte. Vous comprendrez ainsi que celui qui achète en pariant sur l’ivresse des prix agace l’humain qui pioche sa terre.

Le vin est une boisson vivante. Comme prisonnières de l’espace, les variabilités économiques et les tendances évoluent – hâtivement – autour de son étiquette. Les spéculateurs font des affaires, monétisant l’âme de vieux vins au passage. Cette âme, elle se hume et se goûte. Le vin est un bien d’expérience, où l’apogée signe une rencontre à point nommé avec vos papilles. Et à la manière des biens de luxe, le vintage n’est pas éternel. 

Alors…on trinque ?

©Caroline Paulus