Frank Maire, Alcys Réalisations // La ville inclusive

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« Souvenez-vous que les murs des villes ne se forment que du débris des maisons des champs », cette citation de Jean-Jacques Rousseau exprime à merveille l’approche de la société de promotion immobilière Alcys Réalisations et de son cogérant, Frank Maire, entre construction raisonnée et respect des Hommes et de la nature.

C’est au cœur de la Meinau, en plein milieu du parc Schulmeister et entourés d’écureuils, qu’a eu lieu l’entretien d’Or Norme avec Frank Maire, l’occasion d’évoquer le projet d’éco-îlot attenant, EkO2, ainsi que les enjeux sociétaux et écologiques de la ville de demain.
La société de promotion immobilière Alcys Réalisations a été créée il y a 6 ans par Carlos Pereira et Frank Maire, une société qui se démarque par un fort ancrage local et une profonde conscience éthique, « Alcys Réalisations est une entreprise 100% alsacienne et indépendante, on y tient, car l’absence d’un comité de direction lointain, de reporting permanent et d’actionnaires parfois gourmands nous confèrent une grande liberté », revendique Frank Maire.
Une autonomie farouchement défendue et dont les gérants ont su faire un avantage, « notre objectif est de maîtriser une production comprise entre 130 et 200 logements par an, principalement sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg avec des résidences de tailles très variables – en exemples récents, je citerais un projet de 6 logements à Reichstett et un autre de 129 logements à Illkirch-Graffenstaden. Nous voulons conserver cette dimension pour pouvoir innover en maîtrisant la qualité de nos réalisations. Dans le bâtiment, l’Artisanat conserve ses lettres de noblesse ; notre métier n’est pas une science exacte et exige une attention de tous les instants. Concevoir et construire un projet immobilier, c’est assembler et animer une multitude d’intervenants et de corps de métiers différents sur un site unique ».

Un éco-îlot à la Meinau

EkO2, un de leurs projets en cours, consiste en une résidence d’un genre nouveau, « pensée comme un village à l’échelle d’un îlot urbain de 40 ares », et à l’empreinte carbone faible.
« Ce projet regroupe des formes et des volumes différents imaginés par le cabinet strasbourgeois K&+ Architecture Globale. Sur un sous-sol comprenant 84 places de stationnement et autour d’une cour centrale végétalisée, notre équipe a pu implanter 7 maisons individuelles en ossature bois, 3 maisons de ville de 3 logements chacune, en bois également, et 50 logements collectifs en briques de terre cuite et bois. »
Selon Frank Maire, cette résidence de 66 logements, livrée fin 2019, illustre notamment le champ des possibles face aux enjeux des changements climatiques, « EkO2 démontre que l’on peut viser l’excellence dans un quartier en reconversion et que les innovations ne sont pas réservées à une partie privilégiée de la population. Avoir un faible impact carbone, maximiser des espaces verts qui favorisent la biodiversité, promouvoir les véhicules électriques et permettre au plus grand nombre de devenir propriétaire, sont des éléments essentiels de la philosophie d’EkO2 ».
Des logements écologiques et sains qui mettent en avant la qualité de vie, le tout accessible à tous, tel est le souhait de Frank Maire soutenu par la Ville de Strasbourg, « l’aide des pouvoirs publics a été primordiale », précise-t-il.

Une posture éthique

Le promoteur-constructeur est « un acteur méconnu au service de la politique de la ville », rôle dont l’entreprise Alcys prend la pleine mesure. « Dans la métropole de Strasbourg, le prix des terrains à bâtir est très élevé et les coûts de construction augmentent régulièrement pour répondre aux objectifs environnementaux et sociétaux que nous nous fixons collectivement. Si l’on fait supporter ces charges aux acquéreurs sans trouver de solutions pour en atténuer l’impact sur les prix de vente et les loyers, seuls les plus riches auront accès à la ville. »
Une ville ouverte à toutes et tous est, pour Frank Maire, la vraie définition de ce que l’on nomme la Smart City : « Pour être intelligente, la ville doit être à la fois attirante et bienveillante. C’est cette équation qu’il nous faut résoudre collectivement. Les métropoles concentrent les emplois, les commerces, les transports en commun ; leur attractivité renforcée se manifeste par une démographie en croissance rapide, et c’est l’un de nos principaux enjeux, comment faire en sorte de n’exclure personne, presque mécaniquement ? »

Une ville à désenclaver donc, en commençant par la question de la solvabilité des ménages pour un futur urbain à visage humain : « je fais peut-être le plus beau métier qui soit, celui très ancien de construire un toit pour les gens. Dialoguer, apprendre, s’engager pour construire une ville accueillante, c’est magnifique ».