Karim Dahmane : l’Islande, comme une évidence

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Article publié dans le cadre du dossier Destination de Légende sur l’Islande, publié dans Or Norme N°47 et à découvrir également en ligne

Il est Strasbourgeois d’origine et il avoue bien volontiers « avoir depuis toujours eu la bougeotte ». Alors, très tôt, il a assumé ses envies et le voyage est devenu pour lui une seconde nature. « L’Islande m’a permis de devenir celui qui est au fond de moi » dit-il joliment…

Voyager a toujours été un objectif quasi obsessionnel pour vous…

Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça, mais oui, très vite, j’ai eu en tête l’idée de pouvoir joindre à l’utile à l’agréable c’est-à-dire d’être à même de voyager, mais aussi de vivre ma vie depuis une destination lointaine. Je travaille donc dans le tourisme depuis trente ans. J’ai commencé à travailler comme guide à Terres d’aventures, me spécialisant sur les zones désertiques, sahariennes principalement. J’emmenais les gens marcher. Peu à peu, j’ai ajouté les zones arctiques, le Groenland et le Spitzberg, à mon programme…

Comment s’est passée votre rencontre avec l’Islande ?

Au tout départ, j’ai posé pour la première fois le pied sur le sol islandais pour une question liée à l’impératif d’une escale lors d’un vol aérien vers le Groenland. Et j’ai fait la connaissance d’un ami qui vivait en Islande ce qui m’a permis de multiplier les petits séjours lors des escales, dans les années 90. Il y a eu ensuite pas mal de choses qui ont changé au sein des agences de voyages pour lesquelles je travaillais, des rachats et regroupements surtout. Comme notre statut de travailleur indépendant est d’une grande fragilité, j’ai réalisé que je n’allais pas tarder à rencontrer des problèmes et qu’il allait falloir que je me prépare une solution de sortie. Je restais cependant très attaché à mon point d’ancrage qui était Strasbourg et à ma terre d’Alsace…

Comment les choses ont-elles bougé ?

Le tourisme n’a jamais été pour moi une fin en soi, mais j’y ai toujours cherché un réel potentiel de rencontres, car ce sont ces rencontres qui, pour moi, nous font évoluer et génèrent le changement. J’ai donc un temps arrêté de collaborer avec les sociétés habituelles et au début des années 2000, mon ami en Islande m’a incité à venir dans l’île où j’ai commencé à guider jusqu’à finir par rencontrer Silja, une Franco- Islandaise qui est devenue depuis la mère de mes enfants. Elle vivait à Paris et elle venait en Islande pour encadrer des voyages d’été. On a décidé de s’installer là-bas parce que je me disais que c’était un beau pays où nous pouvions à l’évidence réaliser pas mal de choses. C’est donc l’amour qui m’a amené vers l’Islande et j’ai très vite réalisé que ce pays me permettait de devenir celui que j’avais au plus profond de moi depuis toujours. Elle me paraissait bien, cette idée. Nous nous sommes installés en Islande en 2008. Au meilleur moment…

C’est à dire au moment où la crise financière mondiale a éclaté…

C’est cela. Ce fut un enfer. heureusement, le pays a pu assez rapidement rebondir. Et nous avons fini par pouvoir nous intégrer assez correctement. J’ai beaucoup de reconnaissance pour ce pays où j’ai finalement pu me réaliser. J’en ai aussi pour les Islandais qui, en référence à un passé historique qui n’a pas toujours été pour eux une partie de plaisir, savent aujourd’hui se battre et affronter crânement l’adversité. Ils l’ont notamment prouvé dans les années 60/70 où ils ont su affronter les bateaux anglais qui venaient pêcher dans leurs eaux territoriales en vertu d’acquis historiques qui n’avaient aucune légalité justifiée.

Comment votre activité s’est-elle finalement développée ?

Malgré l’éruption-surprise de l’Eyjafjallajökull deux ans après avoir lancé mon agence, ce qui est venu encore un peu plus compliquer les choses, sur le coup, je peux dire aujourd’hui que ça marche plutôt pas mal. En fait, j’ai profité du boom touristique que nous connaissons depuis dix ans en Islande…

Parmi toutes les qualités que vous reconnaissez à ce pays et parmi tout ce qui fait que vous avez décidé d’y construire votre vie, quel est peut-être le point le plus remarquable que vous avez envie de souligner ?

Il y en aurait à l’évidence plus d’un. Mais je voudrais mettre en valeur le fait que les Islandais sont des gens fantastiques notamment pour le fait que s’ils constatent que vous avez trouvé votre chemin et que vous avez une idée qui vous porte, ils vous font très facilement une place. Vous n’avez aucunement besoin d’apparaître comme quelqu’un qui brasse beaucoup d’argent, vous pouvez être un artiste ou simplement quelqu’un qui s’est fait son petit boulot, ils vous intègrent bien. Ici, au final, j’ai donné une autre direction à ma vie, j’ai élevé mes enfants. L’Islande m’a ouvert ses bras… »

Karim Dahmane

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