L’Anticafé : Revoir ses bases

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Pour le deuxième article de cette nouvelle rubrique, nous allons poser le cadre : en 2018, comment définir son « bureau » ? Est-ce d’ailleurs bien encore le terme approprié ? L’Anticafé pose un nouveau décor, au coeur de Strasbourg. Christèle, co-gérante, m’a partagé leur nouvelle vision du travail.

En avril 2016, Christèle et Thierry quittent Aix-en-Provence, dans le département le plus ensoleillé de France, pour Strasbourg. Une autre forme de chaleur les y attend : « Arrivée seule à Strasbourg, j’appelais plusieurs fois par jour Thierry pour lui dire à quel point les gens étaient aimables et serviables, loin de l’image que l’on véhicule des Alsaciens », explique Christèle.

 J’appelais plusieurs fois par jour Thierry pour lui dire à quel point les gens étaient aimables et serviables ici

Alors qu’ils étaient encore installés dans le Sud, Christèle a profité de sa grossesse pour mûrir leur projet professionnel. Ils étaient alors tous deux employés dans la restauration rapide : lui comme responsable réseau, elle comme manager de restaurant. Ils y acquièrent une bonne connaissance du fonctionnement en franchise, dont ils souhaitent initialement s’éloigner.

Immobilisée pendant plusieurs mois, Christèle fait le point sur ses projets et envies. Mais elle ne trouve pas de lieu où travailler, en dehors de chez elle. Elle décide alors de se recentrer, et de se poser une seule question : qu’est-ce qui lui donne envie de se lever tous les matins ? Elle en arrive rapidement aux notions de partage et de rencontre : rendre la vie plus douce à ceux qui l’entoure.
La naissance de leur fils a été un déclic pour eux. Thierry et elle imaginent peu à peu leur lieu idéal : à mi-chemin entre le lieu de coworking et le café. Forts de leur expérience, et de la confiance qu’on a pu placer en eux par le passé, ils pensent d’abord à créer leur propre café. Le hasard (ou le destin) les amènent rapidement à rencontrer l’équipe de l’Anticafé, qui souhaite ouvrir une antenne à Strasbourg. Attirés par leur esprit d’équipe et leur concept, ils décident finalement de porter candidature pour ouvrir une franchise en Alsace, et sont retenus.


La veille de l’ouverture, le 18 décembre 2017, ils s’étonnent de leur sérénité, preuve s’il en fallait de la justesse de leur choix. Leur attrait pour la ville ne fait que se renforcer, à mesure qu’ils en découvrent le dynamisme. « Malgré le froid ! » ajoute Christèle, elle qui n’était jamais venue avant d’y emménager. Depuis, ils tâchent de rendre ce que la ville leur a offert, en proposant simplement « un espace où l’on se sent bien, sans se prendre la tête, que l’on soit professionnel ou non, sans frontières ». Dans le règlement du lieu, ou « anticonseils », on retrouve un libre accès aux boissons, encas, Wifi et jeux de société, et l’encouragement aux échanges.

S’ils ont surpassé leurs objectifs jusqu’ici, ils ont cependant un regret, le choix de leur statut juridique : « Si c’était à refaire, on ne se mettrait pas en SARL, mais en SAS*, plus simple au niveau des démarches administratives ». Christèle rapporte leurs nombreuses rencontres avec des experts, qui tenaient tous un discours différent, et qui les ont poussés à réaliser un choix par défaut plus que par conviction.

Le principal conseil que je voudrais partager, c’est d’être bien entouré !

Ce point l’amène à évoquer le principal frein qu’ils aient rencontré à leur établissement : les démarches administratives. Elle-même se définit désormais comme une « phobique administrative », mais peut se reposer sur son mari qui a pris le relai. Leur chance, c’est la complémentarité de leur couple, qu’ils entretiennent quotidiennement, en communiquant un maximum. Elle se consacre désormais au terrain, notamment à l’événementiel qu’ils développent.
« Le principal conseil que je voudrais partager, c’est d’être bien entouré ! On est souvent perdus au début, il ne faut pas se laisser avoir ».
Depuis, Thierry et Christèle continuent d’entretenir cet état d’esprit, car ils souhaitent recruter, pour agrandir l’équipe et développer la communauté Anticafé Strasbourg. Dans son recrutement également, ils décident de sortir du cadre habituel : ils s’intéressent à tous les profils, tous les parcours. Christèle a elle-même suivi des études dans la mode : « Pas de regret, j’ai fait ce que j’aimais pendant 7 ans, j’ai beaucoup appris sur moi, et je n’exclus pas d’y retourner un jour ».

La suite, Christèle l’imagine faite d’aussi belles rencontres que celles déjà réalisées depuis leur arrivée ! Nul doute que l’Anticafé attirera encore de nombreuses curieux, désireux de participer à ce renouveau, et c’est tout ce qu’on leur souhaite. Qui de mieux que les Alsaciens pour comprendre et accompagner la nécessité de se réinventer ?

* Pour plus d’informations concernant le statut SARL et SAS, cliquer ici