L’Open innovation pour accélerer la mise en place de nouvelles solutions technologiques
Article publié dans « Quest for industry », numéro hors-série d’Or Norme paru à la mi-juin 2023.
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Jean-François Camus est chargé de Mission Innovation Grand Est du Groupe EDF. Son challenge ? Développer l’innovation du groupe pour contribuer à relever le défi civilisationnel du changement climatique. Il s’appuie pour cela sur la mise en oeuvre d’une démarche d’innovation impliquant les entités du groupe, les start-up et les acteurs d’innovation de la région. Voici son retour d’expérience.
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots la place accordée à l’innovation par le Groupe EDF ?
C’est très simple, l’innovation est inscrite dans notre ADN : « Construire un avenir énergétique neutre en CO2, conciliant préservation de la planète, bien-être et développement, grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants ». Nous devons donc ouvrir le champ des possibles, impliquer nos collaborateurs et nous appuyer sur des partenaires d’innovation extérieurs.
Quels exemples d’initiatives permettent d’illustrer simplement cet effort ?
Nous pouvons citer le programme d’intrapreneuriat EDF Pulse Incubation qui soutient et valorise l’inventivité de nos collaborateurs, EDF Pulse Ventures qui finance des start-up proposant des solutions bas-carbone, ou encore EDF Pulse Connect qui cherche à mettre en lien les entités du groupe EDF avec des acteurs externes de l’innovation. Nous mettons aussi à disposition de nos collègues un kit de ressources, la Connect Box. Elle comprend des outils, des recommandations, des contrats types, de façon à ce qu’une collaboration avec une start-up puisse se réaliser dans de bonnes conditions.
Pouvez-vous revenir un peu plus en détail sur le dispositif d’open innovation EDF Pulse Connect et sur ce qu’il apporte aux différentes parties prenantes ?
Nous organisons le prix EDF Pulse Grand Est au sein de la Direction Action Régionale Grand Est, en lien avec les différentes entités métiers du groupe EDF présentes en région. Ce prix est organisé tous les deux, trois ans environ. Nous commençons par consulter nos collaborateurs sur leurs besoins d’innovation. Sur cette base, nous construisons et nous diffusons un appel à candidatures, en interne et en externe. Ensuite, nous sélectionnons des finalistes qui pitchent devant un jury pour désigner les gagnants. Ce processus nous permet d’identifier des solutions répondant à nos besoins. Chacune des solutions technologiques récompensées par un prix est expérimentée concrètement sur le terrain, avec l’une de nos entités. Nous offrons ainsi aux équipes gagnantes de pouvoir disposer d’un terrain d’expérimentation et d’un chiffre d’affaires associé, en plus du gain d’image obtenu pour leur projet. Une diffusion à l’échelle du groupe est envisagée si l’expérimentation est concluante. Je m’assure d’ailleurs que les autres finalistes puissent aussi collaborer avec les entités du groupe, puisque tous ces projets sont issus d’un processus qui repose initialement sur l’identification de besoins en interne. Trois gagnants et un prix coup de coeur ont été désignés lors de la dernière édition. APREX est une solution de vision utilisant de l’intelligence artificielle pour des opérations de contrôle sur le site de l’une nos centrales. TemplAR est un système de réalité augmenté pour identifier et gérer l’amiante sur une autre de nos centrales. Cixten est un système permettant la conversion de chaleur basse température en énergies réutilisables, via du CO2 supercritique.
Quelles sont les principales difficultés qu’il vous semble nécessaire d’anticiper pour qu’une collaboration entre une entreprise industrielle et une start-up puisse fonctionner, comment les gérer ?
Les différences de taille, d’organisation et de temporalité sont à considérer dès le départ. La rigidité de l’industriel peut se heurter à l’agilité de la start-up. Les ambiguïtés en termes d’attentes et d’étapes à franchir peuvent être nombreuses. Il faut veiller à rendre compatibles les deux parties en accordant une attention particulière aux fondements de la relation. Une grande partie de la réussite d’une collaboration se joue certainement dans la communication, la transparence et la clarification. L’enjeu est la création d’une relation de confiance. Chacun doit commencer par écouter l’autre et chercher à comprendre son mode de fonctionnement, ses objectifs et son contexte, pour s’interroger sur les implications et les adaptations envisageables dans le cadre de la collaboration. L’expression et la formalisation des attendus par contractualisation me semblent être un élément incontournable. Il faut aussi rester focalisé sur le fait qu’il s’agit de créer de la valeur pour les deux parties : augmenter la performance de l’entreprise d’un côté, développer la start-up de l’autre. Le fait de pouvoir compter sur une personne qui dispose d’une bonne connaissance des deux mondes facilite la relation. Cette personne doit d’ailleurs être très en lien à la fois avec les acteurs opérationnels de son entreprise et très en lien avec les différents acteurs du territoire. La difficulté réside ici dans la multiplicité des acteurs et des sujets traités des deux côtés (cela est particulièrement vrai à l’échelle d’un groupe comme EDF). L’écosystème est très riche dans notre région et il est difficile d’embrasser la totalité de l’écosystème.
Pourquoi trouvez-vous cela intéressant d’intégrer l’écosystème d’innovation régional, comment procéder par exemple ?
Cela facilite l’identification de solutions technologiques et de partenaires potentiels. Il faut pouvoir y consacrer du temps. S’appuyer sur quelques acteurs et moments clés peut aider en prendre efficacement la mesure. Quest for industry (Quest for change), Grand E-Nov+ ou encore la Région Grand Est sont de bons interlocuteurs pour commencer. Intégrer l’écosystème peut aussi passer par d’autres formes d’implications. Je participe par exemple au comité d’engagement de SEMIA/Quest for change, ce qui me permet de voir passer les projets de start-up candidats et de détecter des projets en amont.