Mine Günbay // Danse moi un voyage

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C’est la mythique danseuse et chorégraphe allemande Pina Bausch qui avait fait de cette incantation le symbole-même de son inlassable périple artistique pour vivre et faire vivre sa passion de la danse. Venant juste d’aborder les rives de la quarantaine, la strasbourgeoise Mine Günbay évoque sans modération cette citation, elle qui, désormais, emmène les clients de son agence de voyage aux sources-mêmes des danses sud-américaines…

 

« Il y a presque deux ans, quand j’ai découvert la Colombie, m’est venue l’idée de m’y installer pour gérer une maison d’hôtes au bord de la mer » se souvient Mine qui précise tout de suite « être littéralement tombée amoureuse de ce pays. Mais un petit événement familial sans conséquence m’a fait réfléchir. En fait, je me suis rendue compte que n’avais pas envie d’être aussi loin de ma famille. Il fallait donc que je trouve un moyen de pouvoir continuer à voyager entre l’Amérique du sud et la France et surtout, de pouvoir continuer à partager ce qui se passe là-bas où il y a une vraie dynamique et une fraîcheur impressionnantes… »

Tout me conduisait vers une décision pareille

Un autre facteur a joué. Les périples de cette infatigable militante féministe à travers l’Amérique latine (Or Norme lui avait même ouvert une rubrique trimestrielle pour qu’elle puisse partager ses émotions – ndlr) ont été suivis par une foultitude de gens, via les réseaux sociaux. « Tous m’encourageaient formidablement à continuer à voyager et à militer en même temps » se souvient-elle. « Et parmi eux, beaucoup me disaient qu’ils avaient très envie de voyager avec moi et m’incitaient à partager un blog sur la danse, les gens rencontrés là-bas et mes bons plans. Je n’ai vraiment pas eu le temps de tenir ce blog. L’idée m’a saisie un matin, en me réveillant, à Buenos Aires. Et ce n’était pas un hasard que cela se produise là tant cette ville invite à la folie et à l’imagination. C’était comme une évidence : il fallait que je parvienne à allier la danse et les voyages. Et le projet, tout simple, a alors germé : pourquoi ne pas proposer aux gens de vivre ce que moi, j’avais vécu ? Tout simplement en créant une agence de voyage axée sur cette thématique… »
Six mois et d’innombrables discussions avec beaucoup de gens plus tard ont donc permis de concrétiser le projet. « Ce ne fut pas une mince affaire » précise Mine. « À la base, je n’ai pas le profil d’une entrepreneuse, je viens du monde associatif. Pendant un bon mois, je me suis noyée dans la littérature spécialisée et grâce à internet, j’ai suivi tous les tutos possibles et imaginables. Quand je me suis sentie à peu près prête, je suis rentrée en France pour entamer toutes les démarches de création de l’agence de voyage. C’était il y a un an, en novembre 2018…
Je me rends compte maintenant que tout me conduisait vers une décision pareille. Au départ, je suis partie en Amérique du sud pour réaliser ce rêve que j’avais voulu vivre à mes dix-huit ans avant que mon père ne m’en dissuade, car il trouvait que je n’étais pas prête pour ça. Est-ce qu’à trente-huit ans, je l’étais ? Sans doute que oui. En tout cas, ce périple m’a permis de me reconnecter à ce que je suis vraiment, ces deux pans qui me constituent profondément : la militance, mes engagements, mes valeurs et puis mon corps, à travers la danse, cette passion que j’avais mis un peu de côté en m’investissant autant dans la politique. Aujourd’hui, à quarante ans, j’ai le sentiment d’avoir créé le projet qui parle de moi et qui, en fait, dit qui je suis… La danse, ce n’est pas juste de la technique, c’est aussi politique, anthropologique, c’est la rencontre et la communion avec les autres… On m‘a souvent dit : tu as de la folie en toi. Moi, je pense que cette folie, c’est de vivre pleinement ma vie et de prendre les décisions qui le permettent : quand j’ai compris que c’était le moment d’arrêter la politique, je l’ai fait. Et bien là, je sentais qu’il fallait que je me reconnecte à moi-même en partant, alors je suis partie. Maintenant, le temps est venu de mettre en œuvre mon projet. Ça vivra le temps que ça vivra. Je me donne trois ans pour juger de sa viabilité mais de toutes façons, je suis certaine d’une chose : si je sens qu’à un moment donné je ne m’y accomplis plus, je passerai alors facilement à autre chose… »

Mine Günbay

Le carnet de commandes se remplit bien

Quand Mine Günbay parle de Danse-moi un voyage se mêlent le vocabulaire d’un projet bien pensé et la passion qui y est associée : « En fait, mon agence emmène des gens pour danser la danse d’un pays. En Argentine, c‘est le tango. En Colombie, la salsa ou la cumbia. La salsa encore, mais à Cuba… Et comme il n’y a pas besoin de se parler car la danse est ce beau langage universel, ça fonctionne.
Ma promesse est simple : tout ce que vous allez vivre durant le voyage, je l’ai moi-même déjà expérimenté auparavant exactement dans les mêmes conditions que vous. Ce qui veut dire que Danse-moi un voyage n’emmène pas les gens dans un endroit où je n’ai pas dansé, ne leur fait pas prendre des cours de danse avec des gens que je n’ai pas moi-même testés ce qui donc, veut dire aussi que je donne 100% de garantie sur la pédagogie qui va être dispensée. Enfin, mon agence s’inscrit dans le grand mouvement du développement durable et solidaire : je ne travaille qu’avec des petits hôteliers locaux, les restaurants où nous allons ont été ouverts par des familles qui gagnent leur vie en n’offrant que de la gastronomie locale. Il y aussi des artistes qui interviennent pour partager leur culture avec nos clients : pas question de les payer avec une poignée de pesos locaux. À travers ce que nous versons aux écoles de danse, leur rétribution est à la hauteur de nos attentes et de leurs talents. Et je réfléchis à la création à terme de la Fondation Danse-moi un voyage. Au printemps dernier, j’ai fait venir à Strasbourg un danseur colombien qui était en tournée en Europe pour qu’il anime un stage et nous parle de sa démarche. Miguel est un danseur gay et il a engagé toute une démarche pour pouvoir danser en talons. Dans un pays où l’homophobie tue encore chaque jour, danser en talons est pour lui un formidable acte de résistance. Ce garçon avait deux choix il y a quelques années : soit la drogue, soit la danse car il y a, à Cali, des écoles de danse qui offrent cette possibilité à des gens dans la misère de s’accomplir en tant qu’artiste. Voilà le genre d’initiatives que la future fondation pourrait promouvoir et soutenir. »

Mine Günbay s’est donc lancée avec une parfaite détermination dans son beau projet. Des voyages-test ont été effectués l’été dernier en Colombie et en octobre en Argentine. Le petit nombre de participants a été assumé (il n’y aura de toute façon jamais plus de quinze personnes quand l’agence aura atteint son plein développement) car il a permis de roder les circuits proposés, l’organisation générale et aussi, bien sûr, les fameux cours de danse. Et Mine en a profité pour tourner sur le terrain plusieurs vidéos promotionnelles qui évoquent bien l’ambiance des voyages qu’elle propose et encadre.
Le carnet de commandes se remplit bien : plusieurs séjours sont prévus en Argentine, en janvier, février et mai prochains. Et sept personnes se sont déjà préinscrites pour un groupe en partance pour la Colombie en août prochain.

Danse-moi un voyage est une superbe idée, de celles qui nous attendent et que l’on ne déniche que lorsqu’on est parvenu à suivre son vrai chemin…

Contact :
contact@dansemoiunvoyage.fr
www.dansemoiunvoyage.fr