Nier le caractère « essentiel » du monde de la culture a été un traumatisme …

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– Article paru dans le hors-série ST-ART 2021 –

Que ce soit par le maintien des aides aux artistes et aux structures ou la mise en place de fonds spéciaux, les collectivités municipale et régionale n’ont pas abandonné le monde de la culture aux affres de la crise sanitaire. Dans le cadre de leurs prérogatives respectives, elles ont aussi mis en œuvre des actions spécifiques détaillées ici par Arnaud Robinet, vice-président de la Région Grand Est et responsable de l’attractivité, du tourisme et de la culture et Anne Mistler, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des arts et des cultures.

Tous deux évoquent une vraie souffrance des artistes et autres acteurs du secteur confrontés à la pandémie et aux mesures qu’elle a déclenchées. Ceux-ci ont affronté la situation de manière personnelle – avec les vertiges que nous avons tous éprouvés – et professionnelle. Dans un contexte mouvant de confinements à géométrie variable en déconfinements, rimant avec masque et ensuite pass sanitaire, le lien avec le public a été lourdement éprouvé, mais jamais totalement rompu.

Les collectivités se sont employées à contribuer à le maintenir tout comme elles ont tenu à soutenir la création.

La crise n’est cependant pas encore derrière nous, rappellent les élus. Il faut rester vigilants tant d’un point de vue sanitaire qu’au regard de l’évolution des comportements d’un public encore frileux.

Plus que jamais le monde de la culture a besoin que l’on reconnaisse son caractère « essentiel ». Le nier a été un vrai traumatisme pour tous les acteurs du secteur, insistent-ils.

Arnaud Robinet : « Une reprise réelle, mais encore incertaine sur l’ensemble de la région Grand Est »

© Nicolas Roses
Arnaud Robinet

« Très touché par la crise sanitaire, mais de manière hétérogène en fonction de la taille des structures, le secteur de la culture concerne 35 000 emplois sur l’ensemble de la Région Grand Est » tient à préciser d’emblée Arnaud Robinet, vice-président de Région en charge de l’attractivité, du tourisme et de la culture.

« Au niveau national, il a été le deu- xième secteur le plus impacté avec une baisse de 25% en 2020 par rapport à 2019, mais il a comme atout sa capacité d’inno- vation aux bouleversements du numérique et aux nouvelles pratiques ».

Dans le domaine du Livre, la Région a soutenu les librairies avec une aide d’urgence de 150 000 euros accompa- gnés d’un porte-monnaie Jeun’est offrant des réductions aux 15-29 ans inscrits sur la plate-forme. « Pour les auteurs et les éditeurs qui ont beaucoup souffert de l’absence de festivals et de salons, ajoute l’élu, nous avons soutenu la publication de Livres invisibles dont l’édition avait été empêchée par la crise ».

En ce qui concerne le secteur de l’Image, « la montée en puissance des plate- formes s’est accompagnée d’une perte de fréquentation dramatique (-65%) des cinémas jointe à un embouteillage des sorties de films. Pour y faire face, la Région a Arnaud Robinet instauré plusieurs dispositifs de soutien tels que Ma place à un euro, des séances en plein air… et elle met actuellement en place une Foncière de cinéma soute- nue par la Banque des territoires. Le but est d’accompagner les salles qui doivent investir et d’accompagner la réalisation et la diffusion de films ».

Appétence du public pour les manifestations bien identifiées

Deux autres innovations en matière de modèle économique sont également pointées par Arnaud Robinet.

D’abord, la création d’une SEM-IMAGE (société d’économie mixte) inscrite dans le Business Act, vaste plan de relance de la Région. « Il s’agira d’un fonds régional de coproduction visuelle ou cinématographique qui prolongera l’action déjà mise en place dans les studios de tournage professionnels installés sur l’ancienne base aérienne 112 à Reims ».

Ensuite, la perspective de CINEURO, structure destinée à « fédérer les forces vives sur l’ensemble des territoires frontaliers du Grand Est en s’inscrivant dans une perspective transfrontalière ».

Le secteur du Patrimoine acte quant à lui une reprise de la fréquentation des musées, excellente en ce qui concerne le Centre Pompidou de Metz par exemple, mais ce retour des visiteurs n’empêche pas « certains d’entre eux – essentielle- ment privés – de souffrir d’une situation financière inquiétante ».

« De manière générale, les comportements ont changé », note Arnaud Robinet. « Le public privilégie les expositions temporaires et les spectacles bien identifiés. Le pass sanitaire ou la crainte des espaces clos peuvent être un frein, l’engagement par abonnement se restreint et l’ensemble du monde de la culture souffre d’un effet ciseau lié à l’embouteillage des spectacles et expositions reportés ».

Pour Arnaud Robinet, l’édition 2021 de ST-ART est un « signal fort » dont il se réjouit dans le contexte d’une reprise des activités culturelles « réelle, mais encore incertaine ».

La Région Grand Est s’y est activement impliquée tant par un soutien à la création lié à l’exposition Futuræ l’artiste questionne le monde que par la présentation d’une exposition sur son stand. Intitulée Il n’y a pas de planète B, elle rassemble des œuvres qui, toutes, questionnent la surexploitation de la terre par l’homme.

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