Papkot ⎢Son but : la disparition du plastique

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Manuel Milliery, le fondateur de Papkot, a travaillé pendant dix-neuf ans dans le conseil avant de se lancer dans le domaine de l’IA, de la réalité virtuelle et du machine learning. Salarié par la suite chez Samsung, il aspirait cependant à se lancer dans un projet lui permettant d’avoir un impact positif sur la société plus significatif. Papkot, c’est l’aboutissement de cette quête. Tout commence par un bénin incident d’emballage…

U n jour, en faisant du vélo et en mangeant une barre de céréales, j’ai voulu ranger dans ma poche arrière l’emballage plastique de cette dernière. Arrivé chez moi, je ne l’avais plus ! », se souvient Manuel Milliery. « J’étais dans une phase de remise en question, et lors de cet incident j’ai réfléchi aux conséquences que ce bout de plastique, et par extension le cumul des déchets plastiques en général, pouvaient causer : les maladies dues à la pollution comme certains cancers, la contamination des océans, etc. ». Il réalise alors que tous les emballages, même papier, sont associés soit à de l’aluminium « pour briller, attirer l’oeil, être esthétique », soit à du plastique « parce que le papier est un aimant à odeurs, gras, etc. ». Papkot voit le jour, en 2020, des suites de ces réflexions.

UNE FOCALISATION SUR LE BESOIN ÉCOLOGIQUE

Avec ses propriétés seules, le papier ne peut être la simple et directe réponse au problème qui s’impose à Manuel Milliery. Pour autant, il a la conviction que se passer de plastique est possible. Il cherche alors du côté de la chimie moléculaire et de la science des matériaux. À l’aide de bases de données, pour calibrer au mieux les réactions et molécules, il jette son dévolu sur le verre : « j’ai tokenisé (matérialiser des actifs réels en version digitale – ndlr) le processus chimique pour automatiser la R&D et produire mieux », sourit-il. Suite à ses recherches, il trouve qu’en recouvrant la surface du papier avec du verre liquide (matériau aux propriétés barrière), il est possible d’obtenir un nouveau matériau, qui est cette fois recyclable et biodégradable. Quoi de mieux pour remplacer par exemple les gobelets ? En l’occurrence, sur ce premier produit, l’idée est de le commercialiser en lieu et place des gobelets jetables actuels (600 millions de gobelets sont produits par jour dans le monde). Papkot répond à la demande écologique avec du totalement recyclable et du biodégradable.

LA RECHERCHE D’UNE PARFAITE BIODÉGRADABILITÉ

Très conscient de l’environnement, Manuel Milliery veut préserver la nature autant que possible. Il se souvient « de vacances en Suisse, enfant, où il a remarqué les différences en matière de recyclage avec l’Italie : le premier triait tout, le second enterrait ses déchets jusqu’en 2010 ». Autre point notable, à ses yeux, les emballages des produits courants tels que les crèmes, les shampoings ou encore les dentifrices, contiennent souvent du plastique avec des composants toxiques. Cela renforce encore sa détermination à trouver une alternative plus saine. En complément du recyclage qui est de plus en plus préconisé et réglementé dans les villes, il souhaite avancer sur la biodégradabilité, dans le but « de faire mieux », de viser une biodégradabilité parfaite : « nos produits peuvent se manger : ce qui n’est pas nocif pour nous, ne peut l’être pour la nature ».

UNE LOGIQUE D’ÉCONOMIE

Changer de technologie est souvent synonyme d’investissement en matériel. Ce qui engendre irrémédiablement des coûts, et donc une frilosité de la part de potentiels clients. Papkot y a pensé. Le tirage de son papier ne nécessite pas de modification du processus du client et « peut se faire sur les mêmes machines ». Pratique, économique, la solution encourage la transition écologique des entreprises. Cette solution lui permet de travailler en France et aux États-Unis avec de grandes entreprises agro-alimentaires telles que Danone, McDonald’s et Mars, entre autres. Sur ce même principe d’économie en vue d’écologie, il développe également des contre-étiquettes réutilisables, en y ajoutant de la cellulose, qui permet de ne pas absorber la colle. Ce qui rend l’entreprise viable, c’est aussi sa gestion économe. « J’ai mis 1 000 euros au départ, et réduit le coût de lancement au strict minimum », explique Manuel Milliery.

UN MODÈLE NUMÉRIQUE/ INDUSTRIEL

L’activité de la start-up strasbourgeoise, avec plusieurs brevets déposés, repose sur un algorithme innovant permettant de déterminer les réactifs et les processus adaptés pour chaque emballage et chaque usage. IA et data notamment sont mêlées à la fabrication, ce qui permet à Papkot de proposer deux modèles commerciaux différents : d’un côté, du développement sur mesure pour des clients souhaitant bénéficier d’une recette d’emballage ou de solution de revêtement exclusive, et de l’autre, la vente du revêtement liquide par tonne, produit par un sous-traitant basé près de Rouen et applicable sur du papier, à la façon d’un vernis. Les résultats sont présents : l’entreprise prévoit de tripler son chiffre d’affaires de 2022 sur le premier trimestre 2023.

POUR « ÉLIMINER LE PLASTIQUE », PAPKOT S’ÉTEND

En 2023, Papkot prévoit d’augmenter sa production en étendant sa sous-traitance industrielle. De nouveaux produits sont sur les rails, comme des barquettes, boîtes de burgers et autres contenants alimentaires fabriqués avec du plastique, mais également des couverts, notamment pour les compagnies aériennes. L’entreprise a pour but de remplacer autant de plastique que possible. Après les États-Unis, sa prochaine phase de développement consistera à s’implanter en Chine.

Manuel Milliery, fondateur de Papkot, a développé une solution complexe mêlant data, IA, et chimie, pour parvenir à son but : la fin du plastique. ©Alban Hefti

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