Damian Myna et Rosana Azevedo « Malgré une telle violence, on peut garder une foi intacte en l’humanité… »
Damian Myna est musicien. Le soir du 11 décembre dernier, devant le bar « Les Savons d’Hélène », il n’a pas hésité à se jeter sur Cherif Chekatt pour tenter de le neutraliser. Il a été très grièvement blessé de treize coups de couteau. Damian et sa compagne Rosana forment un couple formidablement uni pour affronter cette lourde épreuve. Tous deux n’avaient jamais raconté cet événement qui a bouleversé leur vie avant de se confier en exclusivité à Or Norme…
Nous sommes début février dernier. La vague printanière que nous avons connue depuis n’a pas encore atteint Strasbourg mais le soleil pointe déjà le bout de son nez entre deux nuages. Nous attendons Damian au bar de la péniche l’Atlantico. C’est lui qui a prévu ce lieu car il est proche de son domicile.
À travers les fenêtres du bar, nous ne pouvons pas manquer son arrivée. Damian est très grand et nous le voyons marcher lentement, appuyé sur sa béquille avec une jeune femme à son bras. « Je vous présente Rosana, ma compagne. Elle m’aide depuis le début à surmonter tout ça, je ne voulais pas parler seul, elle aussi à des choses à dire… Ce que j’ai vécu depuis le 11 décembre est indissociable de ce que Rosana a vécu à mes côtés… » nous dit-il avant de s’asseoir avec précaution sur une des banquettes du bar flottant, Rosana à ses côtés.
Damian commande une bière. Quelques minutes plus tard, plus détendu et déjà en train de se raconter, il nous avouera que cette bière était destinée avant tout à l’aider à revenir avec nous sur ces quelques minutes où sa vie a basculé rue Sainte-Hélène, quand le terroriste a croisé son chemin. Son témoignage est très fort, c’est celui d’un homme au courage extraordinaire…
Pendant qu’il commence à nous parler, nous l’observons avec attention. Avec sa barbe folle, ses petites lunettes rondes et son bonnet qui ne le quittera pas durant les deux heures qui suivront, Damian nous fait penser à un lutin. Un grand lutin, à vrai dire : « Je fais 1,95m » dit-il. « Mais je ne suis pas épais : avant tout cela, je pesais 75 kg, j’ai aujourd’hui perdu dix kilos de muscles. Il va me falloir me refaire une santé, reprendre du poids. Ça ne va pas être simple car à la base, je suis végétarien… » plaisante-t-il.
Mais ce que je vis est-il réel ?
Et de lui-même, Damian se lance et raconte : « Ce soir-là, je sors de mon travail. Je suis musicien mais pour gagner ma vie, je m’occupe des enfants d’un couple de Strasbourgeois. Je suis pressé car j’ai rendez-vous avec des amis musiciens pour travailler sur mon projet artistique que je compte développer en 2019 : sur une base de musique contemporaine, introduire le didgeridoo, un tube en bois qui émet une note très grave quand on le fait vibrer. C’est le premier instrument de musique de l’histoire de l’humanité. L’idée est de construire tout un univers musical à travers ce projet.
On s’est donné rendez-vous Aux Savons d’Hélène, c’est un lieu qu’on connaît très bien car il propose une scène ouverte chaque mardi soir. On y joue régulièrement. Jérémie et Tom étaient déjà là quand je suis arrivé. Nous étions tous les trois devant l’entrée du bar. Très peu de temps après mon arrivée, tout un groupe de personnes, dans la rue, se sont mises à courir de façon tout à fait silencieuse. Je me souviens avoir brièvement pensé que la scène était tout à fait surréaliste. Ces gens-là étaient complètement paniqués, ils fuyaient. Il y avait des familles entières, avec des enfants. Je me souviens d’une petite fille qui n’en pouvait plus et à qui ses parents disaient : « Continue, continue… » Tout ça n’a duré que quelques secondes à peine, mais ça m’a paru irréel, je me demandais ce qui se passait. Je les ai regardé s’enfuir et en me retournant, Chérif était devant moi et il a tiré sur Jérémy, l’atteignant au cou. J’ai appris bien plus tard qu’un éclat de balle s’était logé aussi dans l’épaule de Tom qui a essayé de se protéger en s’accroupissant derrière un chevalet publicitaire en bois.
Je me souviens de la puissance de la détonation : la rue est étroite et la résonance a été énorme, tellement énorme qu’elle a provoqué chez moi un acouphène. Je me suis retrouvé au sol, indemne, mais un peu sonné par ce qui venait de se produire. On ne se rend pas compte de la violence d’un coup de feu quand ça vous arrive en vrai… Et chez moi, toujours cette question : mais ce que je vis est-il vraiment réel ? J’étais au sol et tétanisé de peur à ce moment-là. Dans la seconde qui a suivi, il y a eu un cri énorme, glaçant : c’est Jérémy qui hurlait à la mort. Son cri a déclenché chez moi un violent mécanisme d’autodéfense : ce cri m’a mis en furie. Je ne parviens pas à m’expliquer ça : je suis plutôt d’une nature très calme, ordinairement, je ne suis pas un bagarreur ni quoi que ce soit dans ce genre. Ce cri m’a fait me relever, j’ai plaqué Chérif au sol et je me suis battu avec lui pour le neutraliser. À cet instant-là, mon corps était vraiment avec moi, c’était quelque chose de dingue. Je ne sentais pas les coups, c’était quelque chose de très viscéral : je voulais l’exterminer, il n’y a pas d’autre mot pour décrire ce qui me possédait… En nous battant, il a laissé tomber son pistolet au sol mais il s’est emparé d’un couteau de cuisine qu’il avait sur lui. Le couteau avait une lame d’environ 30 cm. À un certain moment, Tom a voulu m’aider mais il n’a pas pu le faire, il s’est pris toute de suite un coup de couteau.
J’ai continué à me battre contre lui. J’ai pris treize coups de couteau, tous dans le dos sauf un qui m’a lacéré la main droite et un autre sur l’épaule dont la cicatrice me fait maintenant un petit smiley (et Damian de rire en disant cela…- ndlr). Je dois sans doute la vie à mon sac à dos qui m’a un petit peu protégé. Au final, c’est le dernier coup de couteau qui touche ma moelle épinière et qui provoque donc cette perte motrice à ma jambe gauche dont je souffre maintenant. Les médecins étaient partis sur une paralysie totale mais moi, deux mois plus tard, je marche avec une canne » dit Damian avec une voix ferme.
Un regard froid et vide
Et il reprend son récit : « Juste après ce dernier coup de couteau, j’ai eu un réflexe assez étonnant. J’ai hurlé à Chérif d’arrêter cette folie. Je ne sais pas trop, dans ces moments-là c’est l’instinct qui prend les commandes mais peut-être voulais-je désespérément réveiller une part d’humanité chez lui, je ne sais pas… Je revois le visage de ce gars : malgré les coups que je lui donnais, malgré ceux qu’il m’infligeait, il n’y avait rien sur son visage, rien ! Ses traits n’exprimaient aucune douleur, aucune sensation, un regard froid et vide, des traits lisses…
Je pense que c’est ce dernier coup de couteau qui atteint ma moelle épinière qui me sauve la vie, en fait. Car je suis au sol, allongé sur le côté, immobile… Je suis pris alors d’un autre sentiment : je me rappelle m’être dit : bon, ben voilà, j’ai fait ce que je pensais être juste, j’accepte ce qui m’arrive… Je n’avais pas peur de mourir, non, j’ai simplement vécu en pleine conscience tout ça comme ça. Je ne ressentais aucune douleur, mon corps était comme dans une sorte de transe. Mais je restais conscient de tout ce qui se passait autour de moi-même si, allongé sur le flanc, je ne voyais rien. Je me rappelle juste avoir entendu des coups de feu… » (sans doute ceux de la patrouille de l’opération Sentinelle comme nous l’a dit Jean-François Illy, lire dans les pages précédentes – ndlr).
Tout ce que Damian vient de nous raconter s’est passé en très peu de temps. Parce que cela a depuis été reconstitué, nous savons que Chérif Chekatt a effectivement abandonné sa victime gisant à terre, a récupéré son arme, tirant sur la patrouille militaire, sa balle ricochant sur le pistolet-mitrailleur du soldat qui a riposté pendant que le terroriste prenait la fuite, le blessant sérieusement, fait capital qui a influé sur la suite des choses. Nous nous sommes fait expliquer pourquoi les soldats n’ont alors pas pris en chasse Chérif Chenkatt. Sur place, il y avait trois blessés dont un très grave (Damian) et, à l’intérieur du bar Les Savons d’Hélène, des dizaines de personnes dans la plus totale angoisse. L’urgence était donc de sécuriser les lieux pour permettre l’arrivée des secours dans les délais les plus rapides possible. Ce qui fut fait, avec le renfort d’un équipage de la police de proximité, arrivé immédiatement après que le terroriste ait pris la fuite, comme nous l’a confirmé Jean-François Illy.
Tiens le coup, petit, tiens le coup !…
Damian est donc au sol, dans une mare de sang. Il poursuit son récit : « Je ne perçois alors plus rien de ce qui se passe autour de moi. Ce sentiment d’acceptation est balayé par l’image de Rosana. Je dois la revoir… Alors se met en place d’un seul coup un refus total de disparaître comme ça. « Je me dis : non, non ! ce ne sera pas maintenant ! Tu vas te contrôler, tu vas respirer doucement, tu vas prendre ton temps parce que là, tu rentres dans une course contre la montre. Ce n’est pas ton heure, tu vas survivre. Je vous jure que je me suis vraiment dit ça… J’avais l’obsession d’absolument me contrôler. Il faisait très froid cette nuit-là, ça m’a aidé, je pense que j’étais déjà en hypothermie. Un pompier est arrivé et m’a porté secours. Je me souviens bien de ses grosses mains (sourire). Il voulait absolument me maintenir éveillé, du coup il m’envoyait de grosses claques dans la figure, c’était assez dingue de voir cette grosse main et de l’entendre dire : « Tiens le coup, petit, tiens le coup !… » J’ai eu envie de lui dire : ça va, c’est bon… (nouveau sourire) mais je ne pouvais pas parler, j’avais le souffle très court car deux des coups de couteau que j’avais reçu avaient perforé un de mes poumons. Deux autres personnes m’ont aidé, notamment une femme. J’ai réussi à lui demander qu’elle prenne mon téléphone : je n’avais qu’une seule idée en tête : contacter Rosana et lui dire que je l’aimais. Mais je pouvais pas parler… Je me souviens de cette horrible piqure d’adrénaline qui d’un coup m’a fait ressentir toutes les douleurs de mon corps. On m’a enveloppé dans une couverture de survie, on m’a brancardé et on m’a sans doute légèrement anesthésié dans l’ambulance du SAMU. Et je me suis endormi…» Rosana lui confirme lorsqu’elle a appris plus tard qu’il avait été placé en coma artificiel.
Ground Control to Major Tom…
Pendant les longues minutes durant lesquelles Damian nous a raconté ces événements, Rosana n’a cessé de lui tenir la main et de l’encourager des yeux à poursuivre son témoignage. À son tour, elle parle : « Je sortais de la douche. J’ai immédiatement décroché quand le nom de Damian s’est inscrit sur l’écran de mon portable. Mais ce n’était pas la voix de Damian que j’avais dans l’oreille. Cette personne me dit : je suis avec votre ami, il a eu un accident. Je pense immédiatement à un accident de vélo. Je lui demande quel type d’accident et elle me dit : il a reçu un coup de couteau. Elle me précise où il est et je lui dis que j’arrive. Elle me dit que ce ne sera pas possible. Mais moi, j’y vais quand même. Je me rappelle avoir eu le réflexe de me munir de sa carte Vitale… (rires). J’arrive à proximité du centre-ville et je comprends que quelque chose de très grave s’est passé. J’entre vite en panique parce que je n’avais pas la moindre idée de l’état dans lequel se trouvait Damian. Je ne pouvais rien faire, même pas lui dire que je l’aimais…Vers 22h, j’ai reçu un message via Facebook de la femme qui m’avait appelé et qui me disait qu’elle espérait qu’il s’en sortirait car il avait reçu plusieurs coups de couteau. Et il m’a dit de vous dire qu’il vous aimait… »
En prononçant ces mots, la voix de Rosana s’étrangle au fond de sa gorge, les larmes jaillissent… Damian l’attire amoureusement près de lui. Rosana se ressaisit et se rappelle quand elle a retrouvé Damian dans sa chambre d’hôpital au Nouvel Hôpital Civil : « C’était le lendemain, le mercredi matin. Il était complètement intubé. C’était vraiment trop dur de le voir ainsi… Il était endormi mais quand je lui parlais, je sentais qu’il m’entendait car il bougeait un petit peu. Alors, je lui ai chanté une chanson qu’on avait chanté tous les deux très peu de temps auparavant, Space Oddity de David Bowie. Elle raconte l’histoire d’un astronaute perdu dans l’espace à qui la terre envoie sans cesse des messages : « Ground control to Major Tom… » Moi, je lui chantais ça à son oreille pour qu’il revienne, vous comprenez ? » dit Rosana des larmes de nouveau plein les yeux. « Et quelques heures après, il s’est réveillé. Et la première chose qu’il m’a fait c’est de m’offrir un énorme sourire… » ajoute-t-elle en se serrant contre Damian. « Vous comprenez pourquoi je vous disais tout à l’heure que ce que j’avais vécu était indissociable de ce que Rosana a vécu de son côté ? » nous fait-il remarquer. Oui, Damian, oui, on comprend très bien…
Et Patrick Adler, qui participe à ce moment, ajoute : « C’est votre histoire à tous les deux. Vous êtes magnifique !.. »
À ce stade, une question nous brûle les lèvres. Depuis déjà une heure que dure cet entretien, Damian n’a cessé d’appeler son agresseur par son prénom, Chérif. Nous le lui faisons remarquer et il répond sans hésiter : « En fait, je n’ai aucune animosité envers ce gars. Vraiment. Pour moi, il commet un acte de folie qui n’était pas centré sur moi spécifiquement. Ce fut moi mais ça aurait pu être n’importe qui d’autre. J’étais là, à cet endroit et à cet instant, et lui était là également au même instant. »…
« Nous n’avons pas la haine en nous » intervient Rosana. « On comprend bien que ce n’était pas contre Damian personnellement. C’est bien plus grand et compliqué que tout ça. C’est la conséquence de tout un système, c’est le reflet de toute une société… D’après ce que je sais, cet homme a connu des problèmes depuis son enfance. Depuis tout petit, depuis l’âge de dix ans ; il a ce regard vide dont Damian parlait tout à l’heure. Ça veut dire qu’il a énormément souffert depuis tout petit. C’est la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui qui fabrique toute cette violence. » Damian ajoute : « Bien sûr, on n’occulte ni la violence, ni la noirceur de cet acte terroriste qui a traumatisé toute une ville et tout un pays. Mais c’est trop facile de dire c’est un méchant terroriste qui a tué des gentils, il y a forcément une source, une racine à tout ça. Ça nécessite une profonde réflexion sociétale. J’avais déjà réfléchi à tout ça ces années dernières. Mais quand on devient une victime directe d’un attentat, la réflexion est bien sûr encore plus profonde… » Et Rosana souligne qu’elle vient « d’un pays où il y a encore plus de gens exclus qu’en France, et où la violence est bien plus grande. Moi, je pense que tout le monde serait capable d’en arriver là s’il était victime toute sa vie, depuis son plus jeune âge, de cette violence constante. Tout le monde serait capable de devenir cet autre-là… »
La race des battants
« Il faut comprendre que dès que je me réveille le mercredi midi, Rosana et moi nous débutons une autre vie » dit Damian. « Certes, je suis aujourd’hui handicapé et il faut que je retrouve la forme mais, croyez-le ou non, je suis heureux de vivre. Dès mon réveil, je sais que je vais pouvoir continuer ma vie avec Rosana, tranquillement. Nous sommes ensemble depuis moins d’un an… »
Nous nous apercevons que, absorbés d’entrée par le récit de Damian, nous ne savons pas grand chose d’eux. Ils nous précisent en riant : Damian est normand d’origine, il a 28 ans et Rosana est brésilienne, elle est étudiante en 2ème année de l’Ecole d’Architecture de Strasbourg. Tous deux ne vivent à Strasbourg que depuis dix-huit mois… « Ce que nous venons de vivre ensemble est le moment le plus important de notre vie… » dit Rosana sur un ton un peu plus grave. « Tous les deux, on s’est rendu compte qu’on possédait la chose la plus importante qui soit : la vie. Et l’amour que nous ressentons l’un pour l’autre. Alors oui, du coup nous étions les deux personnes les plus heureuses du monde ! »
« On a ressenti comme hyper nécessaire de se couper de tout ce qui se passait, de se réfugier dans notre bulle » poursuit Damian. « Les premières semaines ont été assez compliquées car j’ai été constamment allongé sur le dos. On ne le sait pas mais dans ces conditions, on souffre énormément de la peau. Et ma vie, depuis tôt le matin, était rythmée par les scanners et les examens Quand je me suis levé la première fois du lit, j’étais complètement sonné, mon corps s’était complètement modifié. Je suis monté pour la première fois dans un fauteuil roulant et, malgré les difficultés, ce fut un soulagement : je quittais enfin mon lit. Tout était à recréer, en fait.
Rosana m’a soutenu de façon exceptionnelle : c’est au-delà des mots, vraiment. Elle a été aussi une épaule pour ma mère et ma sœur qui vient dans l’ouest de la France. Mon père, qui vit à Strasbourg depuis vingt ans, m’a aussi beaucoup soutenu… Rosana tient aussi à rajouter l’aide apportée par la maman des enfants dont Damian s’occupait avant le drame : « Elle nous a permis de dénicher l’appartement qu’il nous fallait, compte-tenu des difficultés de mobilité de Damian : car même en indiquant qu’il avait été victime des attentats, son dossier posait des problèmes, à entendre les réponses des bailleurs. ».
Pour autant, Damian semble être de la race des battants, ceux qui ne s’en laissent pas compter : « J’ai passé quelques semaines au centre de réadaptation du boulevard Clémenceau. Tout doucement, j’ai commencé à quitter le fauteuil roulant puis à marcher avec deux cannes. Depuis deux semaines, je suis rentré chez moi et je m’y rends quotidiennement pour poursuivre la rééducation… Depuis le début, je sais que je vais récupérer l’utilisation normale de ma jambe. Peu importe ce qu’ont pu dire les médecins, peu importe les résultats des examens que je passe : je n’ai pas d’autre envie que celle-ci. Il y a quelques jours, je suis remonté sur un vélo, j’ai pu faire quelques mètres avec… »
Et quand on lui demande s’il a parlé de cet épisode aux médecins, il se marre : « Non, ils vont me taper !.. » Et, comme rien n’est anodin chez cette montagne de volonté qu’est Damian, Rosana précise : « En fait, il l’a fait devant les Savons d’Hélène ! Il a emprunté le vélo d’un ami qui était avec nous, juste pour voir… ».
« J’éprouve bien sûr une immense gratitude pour les médecins. Ils m’ont sauvé la vie, c’est certain. J’ai suivi tous les protocoles qu’ils m’ont indiqués, j’ai pris tous les médicaments qu’ils m’avaient prescrits. Mais, pour autant, je reste très à l’écoute de mon corps et là, je reprends le contrôle de ma santé. Je m’écoute et c’est parfait comme ça. Tiens, ils m’avaient dit et redit qu’il fallait que je me repose, que je sorte pas de chez moi avant quelque temps : et là, je suis en train de boire une bière avec vous. Et ça me fait du bien… »
Juste avant de nous quitter, Damian évoquera son avenir. Plus que jamais, son intention est de vivre à fond sa passion de musicien « et, en composant et en jouant, raconter autrement mon histoire… » dit-il. Rosana, qui a complètement cessé ses études d’architecte depuis trois mois, parle d’abord et avant tout de « laisser du temps au temps, faire en sorte que nous nous retrouvions dans une vie paisible et ordinaire, en restant en accord avec nous-même ».
Damian va conclure, formidablement : « Je me sens investi du besoin de prouver que, malgré une telle violence, on peut garder une foi intacte en l’humanité et vivre au milieu de plein de cultures différentes comme cette magnifique ville cosmopolite qu’est Strasbourg nous le permet. J’espère pouvoir prouver qu’on peut tous vivre en harmonie, sans que personne ne soit stigmatisé… #bonheur, comme on se le dit souvent depuis, en rigolant, avec Jérémy et Tom… »