Pollution de l’air à Strasbourg : de la stupéfaction à la mobilisation…

Partager

En décembre 2016, Eliott, 13 ans, est diagnostiqué « allergique à la pollution ». Sa maman, Maïté, n’y croyait pas vraiment avant de se pencher sérieusement sur le sujet… Elle finit par co-créer le collectif Family Air pour alerter les collectivités locales sur les dangers de la pollution à Strasbourg.

Hiver 2016. Des sinusites qui n’en finissent pas. Malgré des traitements de fond – lavages de nez, huiles essentielles, vitamines, zinc – Eliott passe son hiver entre antibiotiques et cortisone. Verdict de l’ORL : Eliott est allergique à la pollution. « Et là, je rigole » se souvient sa maman, Maïté.
« Puis l’ORL m’explique que la situation est catastrophique, que 120 médecins ont signé une lettre pour alerter les pouvoirs publics sur les dangers sanitaires de la mauvaise qualité de l’air en Alsace. » Ne pouvant plus regarder son fils en baver sans rien faire, Maïté décide d’étudier le sujet en profondeur. Elle y passe quatre mois. « J’ai commencé par aller voir Strasbourg Respire sur les recommandations d’un ami pharmacien, et j’ai découvert que Strasbourg ne respectait pas les normes de l’OMS, à savoir que l’on ne mesure pas les particules ultrafines qui pénètrent tout le corps jusqu’au fœtus. Là, j’ai flippé… »
Avec une maman journaliste et une autre, prof, elles décident de lancer une pétition sur Change.org qui a recueilli près de 900 signatures. « Nous y faisons des propositions, comme développer des sites de covoiturage locaux, mettre fin au diesel… Nous souhaitons que les générations futures sachent que l’on se préoccupe de leur environnement futur. Et cela passe par la pédagogie. » Après tout, les mesures anti-pollution dans la vallée de l’Arve ont été déclenchées par des parents en colère…

Pollution de l'air, santé publique, strasbourg

Déménager pour devoir prendre la voiture ? Non !

« Tant que l’on n’éduque pas les gens, on ne va pas vers le changement, rebondit Maïté. Pourquoi a-t-on salué la délocalisation de l’incinérateur de Thann-Cernay et aujourd’hui Strasbourg s’apprête à en rouvrir un de plus grande capacité ? Pourquoi mettre en place des mesures positives telles les zones à circulation restreinte ou le remplacement des véhicules diesel et autoriser la nouvelle machine de Blue Paper qui ferait passer l’émission de Nox (Dioxyde d’azote) de 185 tonnes à 250 tonnes par an ? »

Quand son ORL leur a recommandé de déménager hors de Strasbourg, Maïté se demande si cela fait vraiment sens. « Ce n’est pas notre projet de vie et cela implique de prendre sa voiture pour aller au collège… Nous avons préféré essayer de faire avancer les choses en sollicitant les oreilles des médias. »
Et en agissant à leur niveau. Les Seegmuller arrêtent alors les feux de cheminées, investissent dans une voiture électrique. Maïté privilégie les transports en commun. Plutôt qu’un masque pour prendre le vélo, Eliott porte un buffle fluo sur le nez, moins « traumatisant » pour l’ado. « On part prendre l’air régulièrement dans les Vosges aussi. C’est d’ailleurs assez significatif de voir qu’il n’est pas malade à la mer ou à la montagne, ou quand c’est venteux ou humide à Strasbourg…» Avec Family Air, ils ont investi dans un capteur nomade Plume labs (*) qui mesure les particules ultrafines… Histoire de vérifier ce qu’il en est vraiment dans la capitale européenne.
(*) Plumelabs.com