Un Alsacien au Japon – épisode 21

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Autant en emporte le vent

 

En préparant votre installation au Japon vous pensiez avoir tout prévu. Logement, banque, santé, vous aviez balisé à peu près tout. Pourtant, il y a un point essentiel du quotidien que vous aviez oublié : la météo. L’Asie pour ça, c’est un sacré changement et vous vous en rendez compte tous les jours en ouvrant les rideaux.

A Tokyo, le temps s’inverse très rapidement, la mer n’est pas loin et le vent redéfinit tout en une demi-heure. On a toujours son parapluie sur soi, le beau temps ne dure jamais longtemps. De plus, la ville elle-même avec ses quartiers d’immeubles denses génère son climat propre avec des pics de chaleur et des orages localisés (l’air ne circule pas assez), d’une sortie de métro à une autre, vous ne retrouverez pas le même ciel.

A votre arrivée, au printemps rien de surprenant (à part ce vent marin), puis l’été s’est installé et là vous avez commencé à comprendre. Ce que nous appelons été (soleil et ciel bleu avec quelques orages), dure ici de la mi-mai à la mi-juin, un bon mois où le soleil tape si fort que les Japonaises se promènent avec des chapeaux et des ombrelles, les bras couverts avec des sortes de collants opaques.

Taux d’humidité à 98%

Si vous vous rendez à la plage, vous serez le seul à vous étendre et faire bronzette sur le sable noir. Les Japonais ne sont pas fans des UV. Sur le coup, vous vous accommodez plutôt bien de ces 25/30° journaliers, les fenêtres grandes ouvertes à la maison et un thé glacé dans le sac en vadrouille. Vous vous dites que vos amis exagèrent quand ils disent que l’été est la pire saison au Japon. C’est là que le vrai été commence.

Oubliez le climat Corse, du jour au lendemain vous vous retrouvez plongé dans une véritable cocotte-minute. Le thermomètre augmente de 10°, des trombes d’eau tombent en continu, le taux d’humidité est à 98% : c’est la saison des pluies. Vous avez l’impression de vous transformer en champignon.

Très vite vous cherchez le mode d’emploi du climatiseur (qui ne vous sert à rien car il est en japonais) et à force d’essayer tous les boutons, vous arrivez enfin à rafraîchir votre appartement. Dehors, on suffoque. Petite consolation, vous n’êtes pas le seul à dégouliner, les autochtones subissent aussi cette moiteur.

On s’éponge le visage, on s’hydrate toute la journée, cet enfer humide est le même pour tout le monde. Sauf pour les employés de bureau, pour eux c’est pire, car il ne faut pas quitter le sacro-saint costume gris même dans cette ambiance de forêt amazonienne. La climatisation tourne donc à plein régime, tant et si bien que les grandes entreprises ont essayé d’institutionnaliser les vendredis « manches courtes » afin que les salarymen tombent la veste pour réduire les factures d’électricités.

Vos amis météorologues avaient donc raison. Vous vous enquérez auprès d’eux pour connaître la suite du programme (est-ce qu’il grêle en août ?) et heureusement, on se veut très rassurant avec vous. « La saison des pluies ne dure pas longtemps… après il y aura les typhons ». Ben voyons ! Donc là, c’est la même cuisson à l’étouffée sauf que les vents soufflent à 200km/h. Le parapluie ne sert plus à rien, c’est un poncho en plastique qu’il vous faut pour sortir. Il faudra tenir bon comme ça jusqu’à la rentrée, où en octobre tout se calme et la nature se part de ses belles teintes orangées.

En attendant les beaux érables, vous hésitez à vous équiper comme un marin-pêcheur et vous vous dites que le Pays du Soleil Levant est plutôt celui de la pluie qui tombe !

 

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