Un Alsacien au Japon – épisode 2
Premières politesses
Après plus de quinze heures de voyage, porte à porte, la seule chose dont vous rêvez, c’est une douche suivie d’une longue nuit de sommeil (ou plutôt journée étant donné que vous êtes en plein décalage horaire et que, malgré le soleil, pour vous il est deux heures du matin). Mais voilà, c’est sans compter sur la dernière étape du jour : récupérer les clés de votre nouvel appartement.
La nuit avant le départ, vous n’avez pas dormi, forcément. Une fois à l’aéroport, vous avez un peu paniqué quand on vous a annoncé que votre valise pesait sept kilos de trop et qu’il fallait mettre une partie en carton si vous ne vouliez pas laisser à Francfort vos caleçons favoris. Assis dans l’avion vous pensiez profiter du voyage, vous avez plutôt profité des secousses. Mais vous êtes finalement arrivé à Haneda, un des deux aéroports de Tokyo, heureux de poser le pied au Japon. Là, il fallait encore trouver le bon train mais vous aviez repéré l’itinéraire, votre futur chez vous et la perspective d’un repos bien mérité n’étaient plus qu’à quelques kilomètres.
Rencontre avec Mme Takahashi
Enfin, vous êtes devant la porte de votre immeuble, la Résidence Le Bouquet. Un nom bien français et qui fait sourire, on en viendrait même à croire qu’ici on parle la langue de Molière. Vous sonnez au nom de la propriétaire et une vieille dame en kimono vous ouvre la porte, c’est à ce moment précis que la barrière des langues se referme sur vous. Madame Takahashi vous attendait et elle est ravie de vous accueillir dans son japonais le plus courtois. La vieille dame vous parle en effet comme si vous étiez un local, elle semble invoquer d’abord le beau temps puis vous fait ce qui semble être une description de l’immeuble avant de vous entraîner chez elle pour une traditionnelle cérémonie du thé. Vous vous retrouvez donc en chaussons, assis à une table, un caniche à vos pieds, à opiner de la tête tout en dégustant votre boisson chaude.
Madame Takahashi, elle, n’est pas en plein jetlag, elle a de la compagnie et semble avoir un tas de choses à vous raconter. Une mamie restant une mamie, même à l’autre bout du monde, elle a évidemment prévu des gâteaux et, à court d’onomatopées, vous ne savez plus trop comment lui faire comprendre que tout est très bon. La seconde tasse de thé finie, Mme Takahashi consent finalement à vous amener à votre appartement, vous réveillez donc discrètement le caniche du bout de vos chaussons et récupérez baskets et valises. La promiscuité de l’ascenseur, valise et cartons aidant, rend ce dernier voyage un peu cocasse, tout le monde s’excusant le temps de monter les étages.
De nouveaux chaussons
Ça y est vous êtes devant la porte. Qui dit nouvelle entrée, dit nouveaux chaussons. A ce moment précis vous devriez être tout chose de découvrir votre petit cocon, mais vous passez un peu à côté de l’émotion du moment, car il faut maintenant écouter le mode d’emploi des différents appareils de l’appartement. Celui de la machine à laver paraît simple, Madame Takahashi vous fait confiance, après tout vous parlez couramment japonais, non ? Encore quelques excuses, des inclinaisons et la voilà qui s’en va. Vous vous retrouvez seul, dans vos habits qui sentent soudain très fort, épuisé mais vaguement heureux. Surtout, vous vous dites que ce thé était effectivement très bon et qu’il va falloir sérieusement vous mettre à apprendre le japonais.