Un Alsacien au Japon – épisode 7
La French Touch
Dès les premières semaines au Japon vous avez vite compris une chose : les Français ont la côte ici. Quand on vous introduit auprès de Japonais vous avez invariablement droit à un « oh !!! » suivi d’un « bonjour » ou « croissant ». Sur le moment, vous êtes content de pouvoir vous dire qu’eux aussi ne connaissent que deux mots de vocabulaire.
Pourtant, la langue française est présente un peu partout. Enseignes de magasins, vêtements, pâtisseries, restaurants, la culture française est ici synonyme de classe et demeure un puissant argument marketing pour beaucoup de franchises . Seul souci, son exactitude. Sens confus, syntaxe ou orthographe improbables, parfois même heureuse poésie, le traducteur automatique passe la langue de Molière à la moulinette et donne des résultats plutôt déconcertants.
Les délices du Franponais
Les premières fois où vous tombez sur des bonbons « Petit Bit » ou du sucre « Petit Pet » vous êtes étonnés, mais quand ce sont au tour de grandes enseignes d’afficher des slogans farfelus, là vous commencez à être vraiment attentif au franponais : l’utilisation faite du français au Japon. Je vous laisse regarder sur Internet le festival d’images décalées qu’offre cette pratique, pour ma part un de mes préférés reste celui d’une marque de sacs à main et de chaussures ayant pour nom « Cocue »… Pas certain que ce soit le message souhaité mais tant que ça sonne bien, ça fonctionne !
Cela donne à réfléchir et l’on se demande ce que peuvent bien pouvoir signifier tous les idéogrammes qu’on utilise à notre tour en Occident. En creusant un peu vous apprenez que même le mariage à la française est très couru et que les jeunes amoureux n’hésitent pas à investir des sommes folles pour des épousailles dans un décors à la Disney avec fausses rues pavées, reproduction miniature de Notre-Dame et robe en tulle.
Choucroute et Picon
Pour les Japonais, la France c’est donc la mode et la gastronomie, surtout à Paris, mais pas que, car oui, les Japonais connaissent Strasbourg ! L’Alsace jouit en effet de liens forts avec le Japon, notamment hérités de l’industrie du textile et ce dès 1800. Et de rencontrer même un soir un Japonais ayant vécu Grand Rue, vous avouant dans un français cette fois parfait, que la choucroute et le Picon lui manquent. Sur le coup vous auriez bien envie aussi d’un amer.
Pas le temps de continuer à discuter Stammtisch, le protocole veut que l’on vous présente à tout le monde et c’est au tour d’une demoiselle de vous demander par l’entremise de votre ami traducteur d’où vous venez. Comme d’habitude, ça fait mouche, on s’esclaffe surtout que Nanae adore la France et Paris, elle y était même l’été dernier. Décidément, vous êtes cerné de francophiles. Vous lui demandez alors ce qu’elle a préféré dans la capitale. L’architecture ? Les Musées ? La demoiselle se lance dans une longue tirade que votre interprète, un peu gêné, résumera par « elle dit qu’elle a beaucoup aimé les petits ronds sucrés ». Choucroute ou macarons, vous êtes bien loin de chez vous.