Un Alsacien au Japon – épisode 24
Candy crush
Pour tout le monde, le Japon est le pays de la nourriture saine, la région d’Okinawa est même célèbre pour son régime et ses centenaires. Les petits écoliers japonais sont initiés très tôt à la gastronomie et au bien manger, on dispense même des cours de diététique dès le primaire.
Mais loin des sashimis fraîchement coupés, le Japon c’est aussi le paradis des sucreries ! C’est un trait de leur culture que vous avez d’ailleurs vite remarqué, les Japonais adorent les gourmandises. On en consomme à toutes heures, on en offre à toutes occasions et le sucre se décline ici sous des formes aussi surprenantes que délicieuses.
Il y a d’un côté les pâtisseries, copies réussies de notre savoir-faire et qui en ont si ce n’est le goût, au moins l’apparence. Beaucoup de crème mais peu de saveur. Vous êtes tombé une fois dans le piège d’une Forêt Noire insipide, on ne vous y reprendra plus. Crêpes, brioches, là encore, tout est souvent servi nappé de crème ou de glace avec toujours une ribambelle de fruits sur le dessus et vous avez même vu des brioches de 20cm de haut, couvertes de chocolat dévorées par des jeunes filles… on est loin de la diététique !
Il existe même une chaîne de restaurants dédiés uniquement aux sandwichs aux fruits, l’occasion de tester le fameux pain de mie aux fraises et à la chantilly, un délice d’après vos amies japonaises, un supplice pour vos papilles. Mais les Japonais ne font pas que copier maladroitement nos viennoiseries et là où ils sont vraiment forts, c’est dans la création. Leur spécialité ce sont les desserts à base de pâte de haricot rouge (anko). C’est un peu leur confiture à eux et on la retrouve partout, entre deux pancakes (dorayaki) ou au cœur d’une boule de pâte de riz (daifuku). Goûtu sans être trop sucré, on déguste l’anko en tranches, avec le thé et votre gentille logeuse vous en offre régulièrement.
Après les pâtisseries, viennent les sucreries, les vraies de vraies, celle qui vous font retomber en enfance même si là encore, les Japonais revisitent les classiques à leur sauce. KitKat au thé vert, Mikado à la mangue ou cookies à la pastèque, tout est revu aux parfums locaux. Les premiers mois vous avez entrepris de tester tout ce que vous découvriez, mais vous avez été vite dépassé car chaque jour voit son lot de nouveautés, impossible de tout goûter sans prendre 10 kilos.
Vous êtes redevenu sage (adulte) et vous vous permettez juste un petit dérapage quand l’emballage laisse vraiment entendre une association séduisante (comme cette glace au Kiri fourrée à la mûre).
Heureusement pour vous, vous n’êtes pas amateur de bonbons, car là aussi, l’offre dépasse l’entendement. Des rayons entiers sont consacrés à des sortes de desserts-jouets où il s’agit de reproduire en miniature de véritables plats, mais en version sucrée, comme si vous faisiez de la pâte à modeler. Pizzas, hamburgers ou ramens (nouilles) en gelée, à préparer dans de petits moules, alors qu’on vous a toujours dit qu’il ne fallait pas jouer avec la nourriture.
Le sommet du « bon goût » est atteint avec les Toilet Candy et la Washing Machine Candy, petit jouet dans lesquels vous versez de la poudre sucrée qui se transforme en mousse… Vous souriez dans les magasins, mais parfois, à la fin d’un repas, vous donneriez cher pour une part de Linzer Torte.
