Un Alsacien au Japon – épisode 42

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Marée basse

 

Réveillé bien tôt ce matin, vous buvez un café à la tablette d’un konbini. Dehors il fait encore nuit, la rue est calme, ne se promènent que les chiens et leur maître transi de froid. Ce n’est pas votre amour pour le café lyophilisé qui vous a poussé hors de la couette un samedi matin, non, si vous êtes debout à cette heure indue c’est que vous êtes en route pour le célèbre marché aux poissons de Tsukiji.

Le trésor des mers, c’est ici le thon…jusqu’à 1,38 million d’euros pour un spécimen de 222kg

Créé en 1935, ce marché proposant pas moins de 450 espèces différentes est le plus gros du monde, deux mille tonnes de poissons et fruits de mer y transitent par jour. Cette énorme plateforme de vente se divise ainsi en trois secteurs, le marché au thon, celui aux poissons et fruits de mer (pour les professionnels de la restauration uniquement) et un espace dédié aux condiments et accessoires pour restaurants. Les produits de la mer ne sont pas matière à plaisanterie au Japon, avec une consommation annuelle d’environ 70 kilos par personne, il faut de quoi contenter tout le monde.Le trésor des mers, c’est ici le thon, un mets très recherché, dont la vente aux enchères est à elle seule un spectacle (à l’accès strictement réglementé) et qui voit certains bestiaux atteindre des prix hallucinants (jusqu’à 1,38 million d’euros pour un spécimen de 222kg). Avec autant d’argent en jeu, le hall abritant le marché à proprement parler n’est pas une attraction ouvert aux touristes. On vous le rappelle d’ailleurs un peu partout, panneaux à l’appui, ici pas de photos, on ne regarde qu’avec les yeux. Il faut également faire attention aux petits véhicules électriques, silencieux mais ultra rapides, sorte de transpalettes et qui vont et viennent à un rythme effréné faisant la navette entre les étalages et les camions frigorifiques parqués dehors. Ces produits doivent en effet rester ultra frais pour finir par régaler nos papilles dans un restaurant de sushis de la ville.

 

Le marché ouvre ainsi à 5h30 mais n’est accessible (normalement) qu’après 10h00, une fois que toutes les affaires ont été conclues. Situé aux abords de la baie, il vous a fallu une petite heure pour arriver sur le site, et discrètement, vous faufiler à l’intérieur du hall, mains dans les poches et bonnet (de pêcheur) sur les oreilles, l’effervescence est telle qu’on ne vous remarque de toute façon pas.

Autour de vous c’est toute la faune (et la flore) de l’océan qui clapote, nage ou au contraire, vous regarde d’un œil vide…

Les étalages s’enchaînent sur des milliers de mètres carrés, petites boutiques avec leurs plans de travail en inox, leurs aquariums et leurs bacs en polystyrène remplis de glace pilée, le tout éclairé par une lumière crue (pour pouvoir juger de la fraîcheur des produits).
À peine entré dans le hall, vous êtes immédiatement pris au nez par à une forte odeur de marée, il fallait s’y attendre, mais tout de même, c’est costaud. Il fait très froid, le sol est littéralement inondé et ça gueule dans tous les coins. Si le café n’avait pas fait effet jusqu’alors, vous êtes désormais bien réveillé. Autour de vous c’est toute la faune (et la flore) de l’océan qui clapote, nage ou au contraire, vous regarde d’un œil vide… Oursins, concombres de mer, poulpes (qui tentent de se faire la malle), dorades, vous arrivez à repérez quelques bestioles connues, pour le reste, mystère.

Après deux heures à déambuler dans les allées, mine de rien, votre ventre commence à crier famine et ce malgré l’odeur et les abats. De plus, vos pieds sont trempés, en bon marin d’eau douce, vous étiez venus en baskets. Il est temps d’aller se mettre au chaud devant un petit plat. Vous ressortez du hall et vous vous dirigez vers le marché extérieur, à destination du public celui-là. Entre un stand d’algues séchées et un autre de blocs de glace , vous trouvez une petite gargote spécialisée dans l’oursin. Assis sur un tabouret en bois avec comme table une caisse en plastique, vous dégustez votre boule de pics entouré de maraîchers: pour le bonnet vous aviez bon, mais eux, portent tous des bottes de pluie.

 

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