Un Alsacien au Japon – épisode 51
Papier s’il vous plaît
Au bout de presque une année au Japon, vous pouvez sans trop prendre de risque déclarer que c’est un pays prospère. Non contents d’être de bons vivants, les Japonais sont de vrais travailleurs ainsi que de fiévreux consommateurs. Bref, l’économie du pays du Soleil Levant se porte bien. 3ème puissance mondiale, l’Archipel peut s’enorgueillir d’une véritable résurrection au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et d’une belle position face aux Etats-Unis et à la Chine et ce malgré sa petite taille. Il faut dire que le Japon cumule les bons points.Grande nation industrielle avec des groupes comme Nissan, Honda, Toyota, Sony ou Sharp, elle produit des objets de pointe exportés dans le monde entier tout en continuant à investir de fortes sommes dans la recherche et le développement, ce qui en fait d’ailleurs le leader de la production robotique. À cela s’ajoute l’une des plus importantes flottes de pêche au monde ainsi qu’une colossale marine marchande (la seconde après la Grèce). Avec de telles dispositions, la croissance se maintient et le chômage, lui, stagne à moins de 3%.
Cash only !
Ça, c’est pour les tableaux de la Bourse, mais pour vous, au quotidien, l’économie japonaise c’est d’abord des nouveaux billets (sur lesquels figurent les portraits de célèbres médecins, écrivains et théoriciens politiques) et des pièces avec de drôle de formes (certaines ont même un trou au milieu). Car au Japon, la monnaie et le papier sont rois et on vous rétorquera souvent « cash only », même à la Poste ! Curieux pour un pays si accro à l’électronique. Ici, l’accessoire indispensable est donc la pince à billets et il est courant de voir quelqu’un dégainer l’équivalent d’un SMIC pour payer sa consommation ou son plat. Les Japonais sont en effet méfiants envers les banques (suite à la crise des années 90, quand la bulle spéculative nippone a éclaté) et retirent d’importantes sommes qu’ils préfèrent savoir à l’abris des fluctuations boursières, bien au chaud dans leur portefeuille (qui ne craignent rien car le Japon enregistre un des taux de criminalité les plus bas au monde). À force vous avez aussi pris le pli même si vous étonnez encore d’avoir des milliers de yens en poche. Car pour un Européen en visite, le taux de change est d’environ 70 centimes d’euros pour 100 yens, à ce train-là, vous avez vite fait de vous prendre pour un Lord, surtout qu’il existe des billets de 10 000 yens !
La vie courante n’est d’ailleurs pas chère au Japon, à titre indicatif, un plat de nouilles ou un bol de riz accompagné de viande dans un petit restaurant vous coûtera environ 500 yens, soit 3,5 euros, de quoi vite abandonner votre cuisine. Même chose pour un café ou un thé, que l’on trouve à chaque coin de rue dans des distributeurs pour environ 120 yens (90 centimes d’euros). Difficile de donner un exemple en ce qui concerne le prix d’une baguette de pain … et pour le métro, on paie selon la distance. Gros billets ou pas, vous, vous continuez bizarrement à toujours convertir en euros dans votre tête, un petit calcul permanent qui vous fait réviser votre table de 7. Manquerait plus que vous pensiez en francs !