Un Alsacien au Japon – épisode 62
Sports divers
Pour beaucoup de personnes, quand on évoque le Japon et ses sports, viennent à l’esprit des images d’arts martiaux, de karaté et de katana, le tout dans un dojo avec un vieux maître mutique. Il est vrai que les Japonais sont les spécialistes du budo (voie de la guerre), terme regroupant tous les arts martiaux et qui inclut, en plus de la partie technique, une dimension morale et spirituelle. Pourtant, tout n’est pas que tatami et culture zen et les sportifs nippons affectionnent également les stades – avec d’ailleurs des résultats mondiaux très respectables…
La folie du triple axel doit cependant beaucoup à la gente féminine qui idolâtre les jeunes patineurs
Si le sumo est officiellement le sport national japonais, celui qui est en réalité le plus pratiqué est… le baseball ! Importé dès le 19ème siècle par les Américains, son succès sera encore renforcé sous l’Occupation et c’est désormais LE sport, professionnel ou amateur, préféré des Japonais. Autre pratique sportive importée et qui connait un véritable engouement, le foot, même si un ancêtre de ce sport existait pourtant ici, le kemari. Apparu pendant l’ère Heian (794-1185), il se jouait à 6 ou 8 ; le principe, garder une balle en peau de daim le plus longtemps possible en l’air. Autre sport à ballon, le rugby est lui aussi une discipline phare et le Japon accueillera d’ailleurs la Coupe du Monde à l’automne 2019. On tape de la batte à tout va dans les stades et parcs, mais pas seulement, le baseball est également l’un des sports le plus regardé à la télé, avec le sumo et le patinage artistique ! La folie du triple axel doit cependant beaucoup à la gent féminine qui idolâtre les jeunes patineurs. Enfin, il y a le golf, pratiqué du haut des buildings dans de véritables cages géantes et où les salarymen peuvent, après une longue journée de travail, perfectionner leur swing.
tenue flambant neuve, accessoires à gogo et écouteurs sur les oreilles.
Au milieu de toutes ces options, vous ne saviez plus à quel sport vous mettre une fois arrivé au Japon. Un ami ayant des entrées gratuites dans une salle de sport, vous avez tenté votre chance sur les tapis de course et autres machines à torture mais le cœur n’y était pas. Surtout, vous ne vous sentiez pas à l’aise au milieu de tous ces Japonais ultra équipés de la tête aux pieds, tenue flambant neuve, accessoires à gogo et écouteurs sur les oreilles. Car les Japonais ne font rien à moitié, encore moins du sport et le moindre exercice est l’occasion de s’équiper comme un professionnel, même si le niveau n’est pas au rendez-vous. Pas de salle de fitness donc alors pourquoi pas essayer le dojo justement ? Mais même si elle est teintée de zen, la voie de la guerre ne vous attirait pas vraiment, surtout si c’était pour donner (enfin, prendre) des coups. Une option demeurait pourtant intéressante, celle du kyudo, le tir à l’arc japonais. Hélas, impossible de trouver des cours en anglais et, avec votre japonais d’aéroport, vous vous imaginiez mal apprendre à manier un arc, pire, le moindre faux pas aurait pu être dangereux !
C’est donc en short (et sans podomètre) que vous avez tout simplement pris l’habitude d’aller courir derrière chez vous. Le long d’un fleuve avec ses beaux cerisiers, vous croisez des papas qui entraînent leurs fistons au baseball. On s’excuse quand le coup est mal maîtrisé et qu’une balle manque de vous assommer. Avec le temps, vous avez appris à prendre des tangentes quand vous passez près des fans des Yomiuri Giants (les Yankees de Tokyo). Vous tentez malgré tout de rester concentré sur votre foulée mais vous faites inlassablement doubler par des coureurs chétifs qui, du haut de leurs 80 ans, torse nu, filent en silence sans même transpirer, comme des vieux maîtres.